GOLDSMITHS MFA INTERIM SHOW (Exposition de mi-maîtrise)

Exposition de groupe. Goldsmiths college, Londres UK
16 au 18 septembre 2022 Vernissage 16 septembre 2022 dans le cadre du Deptford X Festival et Fringe Festival

Voir le projet Baratter les sols pierreux

Consultez le plan et cartel de l'exposition (en anglais)

OEUVRES

Qu'est-ce qu'on peut construire sur une terre en mouvance (2022)
Vidéo 4k avec son stéréo. 6min0sec.
Tu m'as donné ton pot à bines (lettre à ma grand-mère) (2022)
Vidéo 4k avec son stéréo. 8min51sec.
Tout ce qui reste à déconstruire (en portant votre deuil) (2022)
Cape. Argile crue, foin des champs, ruban, fil. 40cm x 25cm x 145cm
À mes soeurs dans le labeur (2022)
Pots d'argile crue. 15cm x 5cm x 30cm (chaque)
Reproduction d'une portion du pavillion canadien à l'exposition coloniale de 1886 à Londres (2022)
Installation. Structure de merisier russe. 220cm x 120cm x 120cm (chaque)
Rythme, Sacrifices, Don de soi, Capitalisme, Legitimité, Vulnérabilité, Lutte, Ennemi commun, Dissensus (2022)
Briques de terre crue. Moule. Dimensions variable.

Le projet Baratter les sols pierreux aspire à révéler l’affect sous-jacent au concept économique de ressource en explorant comment la diffusion de ce concept a généré un rapport à la communauté, à l’écologie d’un lieu et aux communs (commons) dénué de prise de soin et de bienveillance (care). L’exposition mêle, sans les classer, ni les hiérarchiser, anecdotes, connaissances somatiques, analyses historiques, gestes méditatifs, recherches d’archives, récits de résidence et confidences. Par ce foisonnement, elle s’attelle à démêler, sans y arriver, le rapport de ma génération au concept de communauté et aux legs des générations précédentes.

L’exposition s’appuie d’abord sur une recherche que j’ai mené avec un angle féministe sur la transformation du processus de fabrication du beurre. Au XIXe siècle, les familles du Québec qui vivent sur des terres agricoles fabriquent leur propre beurre de façon domestique. La laiterie est un espace qui appartient aux femmes. Cette activité artisanale demande beaucoup de temps et d’efforts physiques, mais leur procure un revenu indépendant. Au tournant du XXe siècle, le paradigme se renverse. Les hommes politiques prennent conscience que le beurre est une matière rentable et profitable lorsqu’il est exporté en Grande-Bretagne. Une campagne s’amorce. Peu à peu, s’appuyant sur le modèle des coopératives agricoles, des beurreries industrielles et des écoles d’agronomies réservées aux hommes sont mises en place.

Cette recherche menée dans les archives m’a ramené sans prévenir à des pans de mon histoire familiale. Ma grand-mère m’a légué son pot de bines centenaire en me racontant que, dans son enfance, le boulanger recueillait les pots de grès de chaque famille, en échange de quelques sous, afin de les enfourner ensemble toute la nuit. Cette cuisson collective permettait de partager les coûts engendrés par les longues cuissons. Or, c’est sa génération qui a mis fin à cette tradition puisque, pour la première fois, chaque famille avait les moyens de s’offrir le confort d’un four électrique.

J’ai été frappée par la symétrie de ces deux récits de transformation du commun par le système économique : la fabrication du beurre a évolué de l’individuel vers le collectif alors que la cuisson des bines à évoluer du collectif à l’individuel. C’est deux traditions ont été invisibilisées et seul les objets utilisés subsistent. Incapable de trouver des représentations visuelles des gestes et des femmes en action, j'ai élaboré des gestes fictifs en créant un processus symbolique fusionnant les deux traditions. J'ai créé et fabriqué un moule qui me permet de fabriquer des briques d'argile brute, le matériau de base pour la construction de fours communautaires, en utilisant des gestes spécifiques au processus de barattage du beurre. J’imprime sur ces briques des mots issus de mes recherches et d’un cycle de conversations réalisées au 3e Impérial à Granby. J’ai utilisé les briques pour démarrer une conversation de groupe et je les ai offertes aux participantes et participants.

En entrant dans la salle d’exposition les visiteurs.trices sont face à une reproduction du pavillon canadien à l’exposition coloniale de 1886 à Londres. Le pavillon était recouvert de pots de verre contenant les « fruits de l’agriculture canadienne » préservés dans des solutions chimiques. Au centre, se trouvait d’immenses contenants de beurre. Cette exposition commerciale correspond à la première présentation du beurre canadien au marché anglais.

L’artiste reconnait que ses recherches ont été conduites sur les territoires non-cédés des nations Waban-aki et Hurons-wendat. Elle reconnait également que la structure coloniale, bien qu’elle ait mené à une oppression des femmes, a surtout menée à l’oppression complète et systémique de ces nations, oppression toujours en place à ce jour. En tant que non-autochtone, l’artiste a choisi de ne pas inclure ces recherches dans l’exposition afin d’éviter d’en tirer un capital culturel.

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